Je viens de visionner à quelques jours d’intervalle deux très beaux films. « Le roman de Jim » des frères Larrieu et « Dos Madres » de V. Iriarte. Ces œuvres interrogent respectivement du côté paternel et maternel la parentalité biologique, versus adoptive de façon puissante et vibrante.

J’ai choisi d’être mère adoptive dans cette vie (démarche décrite dans mon ouvrage « Paroles, éclats de vie »). Il s’agit donc d’une thématique que j’ai beaucoup exploré sous toutes ses facettes, des meilleures aux pires. J’ai pu aussi la regarder grâce à l’éclairage de la science psychogénéalogique. Nous avons choisi de nous incarner dans un arbre généalogique en fonction de ce que nous avions besoin d’expérimenter et résoudre dans cette vie. Nous ne pouvons donc envisager de superposer un arbre généalogique par un autre, ni encore moins le remplacer ! Dans cette approche, il s’avèrerait nécessaire d’envisager une alliance entre ceux-ci, un compagnonnage, évacuant la possibilité d’une adoption plénière, qui entraîne l’éradication délétère pour la personne adoptée d’un arbre au profit d’un autre. L’adoption simple évite cet écueil et ouvre la perspective que l’adopté e reste en lien conscient avec son arbre d’origine, tout en accueillant de façon modérée celui des parents adoptifs.

Ce préambule explique partiellement la raison pour laquelle l’adoption est irrecevable pour la plupart des enfants adoptés, générant souvent diverses formes d’agressivité ou de violence envers eux-mêmes et/ou les parents adoptifs. La loyauté parentale nous habite toutes et tous si nous n’entreprenons pas de chemin de guérison thérapeutique. Que nous fait-elle croire, à divers degrés ? « Mes parents ont été parfaits. Je serai toujours en dette envers eux pour m’avoir accueilli e et l’éducation qu’ils m’ont donnée. Ils ont fait tout ce qu’ils ont pu. Ce n’est pas de leur faute. Je m’en suis bien sorti e. Cela aurait pu être pire. Il y en a qui ont été bien plus malheureux ses que moi, etc… ». C’est elle, la loyauté, qui dénie notre souffrance d’enfant (afin de continuer debout coûte que coûte) et va tant torturer l’enfant adopté, écartelé entre un parent fantasmé, sublimé, placé en icône intouchable et ce parent adoptif trébuchant, perfectible, tâtonnant, pathétique, coincé dans une mission impossible qu’il découvrira progressivement : être le parent parfait qui n’a jamais existé !!!!

Deux scénarios bien différents dans ces films. Pour le premier, Le Roman de Jim, un père recomposé assume par son cœur l’irresponsabilité d’un père adultérin. Se déroule le beau récit d’une rencontre entre le petit bébé et ce père sauveur qui sera vrillée par une mère perverse et objetisante. L’Amour triomphera néanmoins, s’avérant plus fort que ses manipulations. C’est lui encore, qui vient nous cueillir dans Dos Madres : 300.000 bébés ont été volés à des mères sous l’ère franquiste et post-franquiste en Espagne, pour des raisons politiques. L’une de ces mères confisquées va finir par retrouver son fils kidnappé à l’insu de sa mère adoptive, à laquelle les fascistes ont raconté que la mère biologique était décédée. D’un duo, la situation va muter en un trio bouleversant : les deux mères et le fils tissant une tendresse transcendant la monstruosité de ces bourreaux de l’Histoire.

En sortant de ce deuxième film, je me souviens de la mère biologique de mes enfants adoptés, que j’ai contacté alors qu’elle était partie de son corps, n’ayant pu accomplir son chemin de Lumière. J’avais été appelée pour accomplir cet accompagnement, comme il m’est parfois demandé d’apporter mon aide avec les guides de Lumière, à des âmes piégées sur ce plan terrestre par le paroxysme de souffrance qu’elles n’ont su résoudre.

Aujourd’hui, j’imagine être face à elle. J’ai envie de lui dire, de te dire : « Je t’honore, j’ai aimé tes enfants de tout mon cœur. J’ai été une mère pour eux mais je n’ai jamais cherché à te remplacer (la mission impossible), cherchant à donner à tes enfants tout ce que je pouvais offrir de mieux avec mes erreurs, mes maladresses… » Je leur ai écrit une lettre à chacun pour leur présenter mes excuses au sujet des zones que j’aurais asumées autrement à partir de la conscience acquise dans mon travail thérapeutique personnel, des années plus tard.

Il leur appartient entièrement de décider de ce qu’ils feront de notre histoire, de leur histoire. Je ne suis plus gardienne de leur vie d’adulte. Ils sont face à eux-mêmes pour en faire le meilleur ou pa

Notre biologie ne nous apprend-elle pas que le cœur accomplit son œuvre à chaque instant, vis-à-vis de ce sang qui nous irrigue ? Ainsi les parents de cœur peuvent-ils tendre leurs mains aux parents de sang, au sein d’une ronde d’Amour intemporelle…

 

 

Bianca Saury

Août 2024

merci pour votre demande d'inscription

en cadeau un extrait de mon livre "les clés de la joie et de la liberté"

merci